Synopsis :
Un braquage, une fuite et un entrepôt. L’histoire du film se sépare en trois étapes de plus en plus développées. En effet, on ne voit pas le braquage, qu’une partie de la fuite mais on témoigne de l'entièreté des griefs dans un entrepôt gris et banal. Des teintes l’animent cependant car les six braqueurs ont des noms de codes de couleur qui facilitent la compréhension de cette enquête se déroulant en seulement une heure et demi. Ce n’est pas une enquête effectuée par la police mais par les cambrioleurs ratés, blessés et morts qui cherchent (les vivants) à comprendre qui est le traître ayant provoqué une intervention rapide des forces de l’ordre. Les pistolets se braquent sur un, deux et quatre malfrats en même temps, qui survivra ? Qui se cache derrière ces énigmatiques surnoms Orange, White, Blonde et Pink ? Ces noms ont-ils un sens ? C’est bel et bien un film policier qui soulève des interrogations sur plusieurs échelles, et quand six hommes se battent pour leur vie face à la police, ces interrogations se transforment en un suspens intenable.
Critique :
Il est bon avant de tourner un film dans un entrepôt gris de se poser quelques questions. Ce premier long métrage de Tarantino était écrit pour un budget ridicule, malgré les moyens ajoutés non prévus, le film est resté comme le budget de départ. Pour être plus précis, les scènes ne sont pas ridicules mais simplement nullement crédibles et ennuyeuses. Par exemple, les personnages principaux, Mrs Orange, White et Pink n’ont pas leur caractère développé et le scénario essaye de combler cet empressement qui nous empêche de les découvrir par des flashbacks nébuleux pour la plupart. La scène principal dure tout au plus une heure, ce qui empêche le spectateur de s’attacher aux personnages et de comprendre les relations actuelles entre eux. Le contexte de l’entrepôt aux couleurs froides empêche la scène de se réchauffer, de démarrer réellement, donnant au final l’impression que le film a été tourné avec la même hâte que les cambrioleurs, « ouf, nous avons fini par trouver un garage vide pour réaliser le film ». Une scène principale aussi peu riche pourrait laisser penser qu’il faut regarder la structure globale, les chapitres, les flashbacks et les histoires entremêlées; que nenni. Les retours en arrière sont toujours trop courts ou trop peu clairs, dans les deux cas on est frustré de ne pas comprendre. Or, un film que l’on ne comprend pas c’est un film où l’on s’ennuie. Afin d’illustrer ce propos, prenons la fuite de Mr Orange et Mr White, un des flashbacks les plus longs. Le gangster n’a aucun remords après le meurtre des deux policiers dans leur voiture, ce qui ne serait pas la cas pour Mr Orange, la taupe, a qui on accorde trois secondes de plan sur un visage « boulversé » par cet assassinat sanglant. Le pire est que cette scène se reproduit après qu’il tue la femme qui le blesse. Deux secondes de regrets semblent bien peu pour celui qui se compromet en empêchant Mr Blonde de tuer le policier, sachant que cette décision mènera à sa perte. Malgré le temps de compréhension qu’on a l’impression de gagner en voyant ces scènes, on n’en retire que des impressions d’incohérence, une frustration qui se répète. De fait, on ne comprend pas les scènes développées mais c’est une autre histoire pour celles qu’on ne voit même pas. Le point névralgique du film, le braquage n’a même pas le droit à une scène et l'arrivée de la police qui crée toute l’intrigue n’est jamais montrée. On aurait tendance à croire que cela s’explique par les scènes secondaires, les conséquences de ces origines mais une fois de plus, avoir foi en ce film est une erreur. Les intrigues concomitantes sont elles aussi négligées, on ne témoigne jamais de la folie dans la banque de Mr Blonde qui a tant inquiété ses camarades ni de la réussite de Mr Pink à s’emparer des bijoux, une autre source d’inquiétude pour les braqueurs arc en ciel. Dire que ce qui est montré ennui et que ce qui n’est pas montré manque serait omettre un point passionnant, la préparation de Mr Orange en flash-back. Le film aurait pu être entièrement composé de l’apprentissage de cette histoire, comment il la raconte en jouant sa vie puis des fast-forwards montrant comment les événements mènent à la mort de la taupe. Pourtant, tout le film est composé de cette troisième partie, un parti pris réducteur qui n’a pas misé sur la bonne temporalité, mettant en flash-back ce qui aurait dû être la scène principale et inversement, une erreur.